Retour Forum : Ces Roms qui se rêvent Moissagais
- UCM

- 12 oct.
- 3 min de lecture
Une trentaine de chaises, un magnifique point de vue sur le Tarn et les pelouses qui le bordent, un doux soleil d’automne qui s’invite par la fenêtre et voilà le décor planté pour la première table ronde de ce premier forum Moissagais. Le public avait répondu présent pour ce que j’appellerais, le mot sonne un peu désuet, une conversation autour des travailleurs saisonniers, ces nouveaux immigrés que sont les Roms venus de Bulgarie. Je ne sais pas si les trois Bulgares présents dans la salle étaient représentatifs de leur communauté, mais leur parole était très attendue.
Personne bien évidemment n’a nié le rôle économique de cette population qui travaille dans les exploitations fruitières. Car après les immigrations italiennes, espagnoles, portugaises, maghrébines, ils sont une chance pour nos agriculteurs qui ne parviennent pas à trouver de la main d’œuvre autochtone. On estime que dans le département sur les quelque 21000 emplois du secteur, plus de 13000 sont occupés par ces salariés venus souvent avec leur famille d’Europe centrale.
Si la route de l’émigration est souvent pavée d’embûches, l’arrivée à destination, là où il y a du travail, n’est pas facile non plus. Nos Roms ne sont ni aveugles ni sourds et ils sentent bien qu’ils ne sont pas toujours les bienvenus, surtout quand dans la ville ils parlent trop fort et tiennent en groupe le haut du pavé. « C’est culturel » a expliqué l’un des présents, qui tenait à excuser sa communauté pour ce manquement aux coutumes locales, promettant au passage de baisser un peu la sono. Le phénomène a fait remarquer quelqu’un, est d’autant plus visible qu’ils habitent presque tous dans le centre-ville. Une sorte d’habitat groupé. Un problème à l’évidence pour la mixité sociale a ajouté un autre, une aubaine en tout cas pour les propriétaires qui trouvent ainsi clients pour des biens souvent dégradés, parfois indignes dans lesquels s’entassent des familles entières.
Car ces saisonniers, qui de plus en plus restent sur place toute l’année s’installent avec femmes et enfants. Des enfants nombreux et jeunes qui permettent a dit une ancienne responsable scolaire de garder ouvertes des classes vouées à fermer. Certes, mais ces enfants sont-ils scolarisés, et combien de temps ? Là aussi les choses changent a expliqué un jeune Rom plutôt à l’aise avec le français. Les enfants, sauf exception vont à l’école et quand des familles partent en Bulgarie, pour des séjours de plus en plus courts, ils sont scolarisés là-bas, ce qui leur permet de conserver la double culture et la possibilité d’un retour éventuel.
Ainsi s’ouvre un chemin, s’esquisse ce qui pourrait être un autre avenir, où les différentes communautés de Moissac apprendraient à se connaître, à se frotter les unes aux autres, à partager des moments festifs, leurs joies mais aussi leurs peines. Pour cela a dit une jeune femme, il faut que chacun fasse un pas vers l’autre, mais tout le monde a bien compris, à l’issue de deux heures de conversation, qu’une nouvelle page de la vie moissagaise était en train de s’écrire, que Moissac devait apprendre à accueillir, à intégrer et que ces Roms qui n’ont jamais vraiment eu de patrie, peuvent s’ils le veulent, s’ils en acceptent le défi, trouver ici et pour demain une terre d’élection. Un chez nous !






