Enquête sur les emplois de la mairie : explosion du budget et service public fragilisé
- UCM

- 20 oct.
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Lors du conseil municipal du 16 octobre dernier, la conseillère d’opposition Nabila Cacouch a interpellé la majorité sur la disparition de 62 postes à la mairie de Moissac : qui fait le travail désormais ? Comment les services ont-ils été réorganisés ? Face à une réponse trop floue et ambiguë, l’Union Citoyenne Moissagaise (UCM) a décidé de mener une analyse approfondie de l’évolution des emplois municipaux.
Moins d’agents permanents, plus de contrats précaires, disparition du budget insertion, explosion du poste “Autre” : derrière les chiffres des emplois à temps plein (ETP) de la mairie de Moissac se dessine une politique de gestion des ressources humaines qui fragilise les services publics et la cohésion sociale.
Évolution des emplois et de la masse salariale à la mairie de Moissac (2020-2025)


Constat général
Entre 2020 et 2025, la masse salariale de la ville de Moissac a bondi de plus de 22 % (de 8,6 M€ à 10,5 M€), alors même que les effectifs ont diminué de 7,4 % (283 agents en 2020 contre 262 en 2025). La seule revalorisation du point d’indice ne suffit pas à expliquer une telle explosion des dépenses. Cette contradiction est d’autant plus frappante que la baisse des effectifs s’est produite malgré la reprise d’une crèche existante et la transformation d’un centre ados associatif en structure municipale.
La mairie de Moissac n’a pas créé un nouveau centre ados : elle a cessé de soutenir l’association MAJ, qui a dû fermer. Sur ses cendres, la municipalité a ouvert un centre municipal. Résultat : ce centre ne peut plus bénéficier des subventions et aides réservées aux associations, et son fonctionnement repose désormais sur des agents municipaux, ce qui alourdit directement la masse salariale de la ville
2. Points de fragilité identifiés
a) Réduction des effectifs de catégorie C
De 237 agents en 2020 à 205 en 2025.
Ces postes d’exécution sont les plus visibles pour les habitants (entretien, cantines, voirie…).
Conséquences : surcharge de travail, dégradation potentielle de la qualité des services publics, risque de démotivation et d’absentéisme.
b) Explosion du recours aux contractuels
Dépenses passées de 840 k€ en 2020 à plus de 2 M€ en 2025.
Recours massif aux contrats courts et précaires pour pallier la baisse des titulaires.
Conséquences : instabilité des équipes, perte de savoir-faire, difficulté à fidéliser les agents.
c) Charges sociales en décalage
Hausse contenue (de 2,47 M€ à 2,94 M€) alors que les salaires augmentent fortement.
Explication : plus grande proportion de contractuels bénéficiant d’exonérations ou de taux réduits.
Risque : décalage temporaire qui pourrait masquer un renchérissement futur si les contractuels se stabilisent en postes durables.
d) Poste « Autre » en forte augmentation (143K€ à 431 K€)
Comprend mutuelle, prévoyance, médecine du travail, indemnités de départ, formation, voire externalisations.
Devient une zone grise budgétaire : manque de lisibilité pour les élus comme pour les citoyens.
Le poste « Autre » : il s’agit d’un regroupement de charges de personnel annexes, qui n’entrent pas directement dans les salaires ni dans les cotisations sociales. On y trouve généralement : Mutuelle et prévoyance, Médecine du travail et prévention, Formation et concours, Indemnités diverses, Avantages sociaux, Prestations externalisées
e) Disparition du poste « Insertion »
De 63 k€ en 2020 à 0 € en 2024 et 2025.
Signal politique fort : abandon de l’accompagnement à l’emploi et des publics fragiles.
Risques sociaux : aggravation des inégalités, chômage de longue durée, perte d’opportunités pour les jeunes et les publics précaires.
3. Enjeux politiques et sociaux
Qualité du service public menacée : réduction des effectifs de proximité et dépendance aux précaires fragilisent l’efficacité et la continuité des services municipaux.
Attractivité de la mairie en baisse : instabilité des équipes et absence de perspectives pour les agents réduisent l’engagement et la motivation.
Cohésion sociale fragilisée : abandon des politiques d’insertion laisse de côté les publics les plus vulnérables.
Pression budgétaire à venir : les économies apparentes liées aux exonérations et aux précaires risquent de se transformer en surcoûts si la structure d’emploi se stabilise ou si les départs massifs en retraite doivent être compensés.
4. Conclusion
La politique actuelle de gestion des ressources humaines de la mairie de Moissac repose sur une logique de rationalisation à court terme : suppression des postes permanents, recours accru à la flexibilité, disparition des programmes sociaux.
Cette stratégie comporte de forts risques pour l’avenir :
dégradation de la qualité des services publics,
perte de savoir-faire et de compétences,
aggravation des fractures sociales,
mécontentement croissant des agents et des citoyens,
pression budgétaire à venir.
Résumé : tableau d'analyse du budget RH

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