Du racisme dans ma ville
- Séverine Laurent
- 31 août 2024
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 avr.
J'entends du racisme dans ma ville, et de l'antisémitisme.
Je l'entends en patientant mon tour à la caisse du supermarché, quand cette petite dame âgée et mal peignée m'explique haut et fort que depuis De Gaulle, ils sont tous pourris. Et que les juifs ont repris le pouvoir et l'argent.
Je l'entends en marchant en centre ville, des mots presque inaudibles, des yeux cherchant des complices pour affronter l'insupportable cri d'un marmot bulgare.
Je l'entends chez un commerçant.
Je l'entends dans les demi mots d'un élu.
C'est assez dérangeant je dois dire, ça me perturbe presque le ventre.
C'est dans ces moments là aussi que je constate : j'ai vieilli. J'ai vieilli parce qu'il y a 10 ans j'aurais fait exploser ma colère. Maintenant je me préserve et j'ai compris : véhiculer la rage nourrit le rejet.
Quand la vieille dame a terminé son monologue enragé mâché par les médias qu'elle condamne pourtant, je lui ai répondu calmement. En douceur, presque détachée, j'ai partagé un fait, un exemple concret. Un chiffre d'aujourd'hui, vérifiable. La dame a acquiescé. Ah oui, peut-être... Elle ne s'est pas sentie mon ennemie idéologique, elle est rentrée chez elle peut être un peu moins énervée. Elle continuera à me sourire pour me saluer et la prochaine fois, je partagerai avec elle un autre exemple. Et peut être que cette graine semée grandira.... Espoir. En attendant j'ai défendu mes convictions contraires, et elle les a accueillies.
C'est étrange, je ne lui en veux pas. Je comprends sa peur et je n'ai pas eu envie de lui tirer les cheveux. Mon premier réflexe a été de la rassurer.
A l'échelle de nos rencontres de voisinage déconstruire les préjugés demande de l'écoute, de la tempérance, de la patience. De la bienveillance et du savoir. Évidemment il y a des cas incurables, mais je continue de croire qu'In Fine et globalement, l'humain cherche le bien.
Le rejet de l'autre est un réflexe face à la peur. Il faut pouvoir l'entendre et le comprendre pour participer à changer l'ambiance. Pas à pas dans notre entourage. Prouver et témoigner. Sans jamais se laisser marcher sur les pieds.
Et se répéter, comme un leitmotiv ou une prière : gardons foi en l'humanité. Les personnes apaisées changent leur vision du monde. Notre passage ici est bien trop court pour ne pas l'espérer.
Évidemment ça ne suffit pas, mais ça commence par soi.
Je vous souhaite un bon weekend, dans l'harmonie que l'on a, tous et chacun, le pouvoir (le devoir ?) de participer à créer.
La haine ne crée que du mauvais.
Photo : 2018, des acteurs au Cameroun lors du tournage d'une publicité (j'adore cette photo )
Publié sur Facebook le 31 août 2024
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